Après les articles présentant en détail comment débuter (liste du matériel utile), pour les copines intéressées, je me lance dans les explications détaillées de ma fabrication de savon, même si vous pouvez trouver de nombreuses explications pas-à-pas sur internet.
Le principe :
– préparer une lessive de soude (eau + soude) précautionneusement et la laisser refroidir
– pendant ce temps, peser et mettre à température l’huile (ou les beurre et huiles)
– ensuite, mélanger le tout pour obtenir la pâte à savon, jusqu’à l’obtention de la trace
– si on veut, mettre des additifs (huiles essentielles, graines, colorants naturels, etc.)
– mettre dans un moule et couvrir pour la phase de gel
– démouler, découper et mettre à sécher pendant le temps de cure
Macérats de calendula et laurier prêts à êtres filtrés pour la saponification.
Avant toute chose, il faut savoir que quelques molécules de soude caustique qui ne seront pas saponifiées avec des huiles rendront le savon caustique, donc les recettes doivent être respectées scrupuleusement (chaque huile végétale a son propre taux de saponification et ne peut en remplacer une autre sans calculs d’apothicaire) et les pesées doivent donc être précises (au gramme près). Il peut être utile d’avoir un cahier de saponification dans lequel on note la date et les ingrédients, pour savoir à partir de quelle date on peut utiliser le savon et ce qu’il contient (pour ne pas offrir un savon contenant des huiles essentielles contre-indiquées à une femme enceinte ou pour laver un bébé).
Après, lorsque l’on est à l’aise avec cela, on peut se détacher des livres et recettes pour créer, mais il faut tout de même quelques connaissances, une table de saponification (ou un bon livre), car on risque d’obtenir un savon trop mou voire qui se délite, un savon qui sent légèrement l’huile (pas grave mais moins agréable tout de même !) ou un savon qui rancit prématurément.
Avant de commencer :
on protège le plan de travail, soi-même (gants, manches longues…), on évacue les enfants, on ventile, on prépare à portée de main tout le matériel et les ingrédients (parfois, il ne faut pas perdre de temps, et lorsqu’on a les mains dedans, autant éviter d’aller fouiller les placards).
1) Préparation de la lessive de soude (sous une hotte ou dans un endroit ventilé) :
- peser l’eau distillée dans un récipient à bords haut (pas en aluminium : verre, plastique, inox…)
- peser la soude en microbilles (avec gants et précautions pour la manipulation, risque de brûlure, en cas de contact avec la peau, rincer aussitôt) : attention, la soude est très hydrophile, refermer le flacon rapidement (si on en renverse sur le plan de travail, en quelques minutes, on ne verra plus la microbille mais une petite gouttelette, ne pas toucher comme si c’était de l’eau seule !)
- verser la soude dans l’eau (jamais l’inverse !), remuer doucement pour dissoudre toute la soude, cela chauffe fort et vite, y mettre un thermomètre à confiture et laisser refroidir (sous une hotte, sur le rebord de fenêtre…)
2) Pendant que la lessive de soude refroidit doucement, peser les beurres végétaux et huiles, et les réchauffer doucement, au bain Marie.
- peser d’abord les beurres végétaux (karité, coco, palme…), dans un récipient pouvant chauffer ( inox ou pyrex) et mettre à chauffer doucement au bain Marie, et peser séparément chaque huile (si on verse trop, il faut pouvoir enlever le nombre de grammes nécessaires de l’huile concernée en particulier), puis ajouter avec les beurres végétaux fondus
Pour un savon de type savon d’Alep, on utilise uniquement de l’huile d’olive, alors on la tiédit doucement au bain Marie, seule, bien entendu.
NB : On l’appelle saponification « à froid », c’est bien parce que l’on vise juste une température d’environ 40°, qui permet de garder intactes les principales propriétés des ingrédients naturels, il ne faut pas chauffer plus que nécessaire.
Vérifier la température de la lessive de soude en la remuant légèrement à l’aide du thermomètre, elle aussi doit atteindre environ 40 à 45°.
Pendant que tout prend doucement la bonne température, finaliser la préparation des additifs, huiles essentielles, mixeur, moule, etc.
3) Lorsque l’écart de température est faible (moins de 5 degrés), retirer les thermomètres et verser la lessive de soude dans les huiles (remettre gants et lunettes pour terminer). Elle descend au fond du récipient, c’est joli à observer.
Au fouet, émulsionner pour former un brouillard homogène. Mixer ensuite avec un mixeur à soupe (le laisser bien au fond pour éviter tout risque de projection). Selon la recette et les températures, on peut avoir à émulsionner à peine quelques minutes, ou plus longtemps. Il faut surveiller l’arrivée de « la trace ». C’est à dire le moment où la pâte à savon prend une consistance proche de la mayonnaise et où, lorsqu’on en laisse tomber quelques gouttes dans le mélange, elles laissent leur trace à la surface.
C’est au moment de la trace, que l’on peut ajouter des additifs (huile noble pour le surgraissage, huiles essentielles, argiles de couleur…), puis mélanger de nouveau et mixer afin que tout soit bien homogène et pour former une trace à nouveau (qui peut disparaître avec l’ajout des huiles). Avant que la pâte ne soit trop compacte (au besoin, mélanger de nouveau au fouet à main plutôt qu’au mixeur, cela à tendance à liquéfier légèrement), la transvaser dans un moule.
Le moule doit pouvoir se démonter (moule spécifique) ou se déchirer (brique de lait…), sauf s’il est en silicone, car le savon va durcir dedans. Couvrir d’un film plastique puis isoler le savon pendant 24h dans des couvertures ou une glacière (il va produire la chaleur nécessaire à sa propre saponification, et passer par une phase de gel, indispensable à la saponification).
Le lendemain (pour les savons très liquides, comme ceux enrichis au lait, on peut attendre une journée supplémentaire), démouler le pain de savon et le découper (de préférence avec des gants, il contient encore de la soude à cette étape).
C’est le moment où l’on peut graver ses savons, y incruster feuilles ou fleurs à la surface, tamponner…
Mettre ensuite les savons en cure durant un mois (temps de séchage et fin de la saponification, à l’issue de cette période le savon sera plus sec, plus dur, et ne sera plus caustique) dans un endroit ventilé, et le retourner au moins une fois au cours de la cure (si le savon est coloré et parfumé aux huiles essentielles, préférer un endroit à l’abri de la lumière pour préserver davantage ses propriétés). Patienter, profiter de son parfum, et puis… bonne douche !